La morsure chez l'enfant
L’enfant peut mordre dans plusieurs situations :
Pourquoi un enfant mord ?
Ce n’est pas de la violence
Ni la morsure, ni les griffures, ni les coups ne sont des actes de violence, ni de méchanceté. Un jeune enfant n’a pas l’intention ni la compréhension de faire mal à l’autre ! Ces manifestations peuvent avoir différentes origines. Ces conduites peuvent être la manifestation d’une pulsion, d’une excitation positive comme négative. Cela peut être une manière pour l’enfant de se décharger d’une frustration, mais aussi de communiquer avec un autre enfant.
– Par acte d’amour chez les plus petits : La bouche étant la 1ere zone de plaisir chez le bébé elle est ainsi utilisée pour vivre ce plaisir et le sentiment d’attachement. En tant qu’adulte, il arrive souvent que l’on dise à un bébé, « ohhh j’ai envie de te manger » en mimant le fait le faire. Il s’agit là d’une pulsion d’amour, la même que peut ressentir le tout petit, qui nous dit la même chose, et nous mange…
– Il découvre le monde par la bouche
Si la morsure est aussi récurrente, c’est en partie parce que la bouche est pour l’enfant un organe de découverte du monde qui l’entoure, un peu comme une troisième main.
L’enfant utilise sa bouche pour découvrir et faire connaissance avec son environnement. Si quelque chose lui plait, il le met à la bouche. L’autre étant aussi une découverte, il a besoin de l’expérimenter et le fera de la même façon. La morsure est parfois une marque d’affection ou d’intérêt que porte un enfant pour autrui.
– Dans une situation de conflit, de frustration ou de mécontentement : l’enfant ne disposant pas encore de la parole pour exprimer son désaccord et gérer la situation, il utilise la morsure pour exprimer sa colère ou les émotions ressenties. Par exemple : défendre son jouet, répondre à un camarade de jeu, vouloir attirer l’attention, être en désaccord avec une réponse obtenue, etc.
– Par angoisse, par insécurité ou peur : L’enfant n’ayant pas encore accès à la parole, la morsure est également le moyen d’exprimer des peurs. Il s’agit d’une pulsion instinctive de défense. Vouloir exprimer ses émotions :
Un enfant ne sait pas encore exprimer ses émotions par des mots. Cela passera donc par d’autre moyen comme la morsure. Une morsure peut donc exprimer plusieurs choses :
- L’affection
- Un besoin d’attirer l’attention
- La colère,
- La tristesse,
- L’impatience,
- La fatigue
- La volonté de s’affirmer
- L’excitation
Dans tous les cas mordre sera pour l’enfant un moyen d’extérioriser ses émotions et de libérer des tensions.
– Pour s’exprimer et s’affirmer : Mordre peut également être une façon de communiquer, de s’exprimer ou encore de s’affirmer. Qu’il s’agisse de s’opposer à l’autorité et aux autres en général, d’exprimer un ressenti, l’enfant veut communiquer et s’affirmer. L’enfant qui est notamment dans la phase du « non » peut développer ce reflexe en guise d’opposition. C’est son moyen d’expression
Plus la parole va se développer, moins l’enfant aura besoin de mordre pour s’exprimer ou entrer en communication. Cela dit, en cas de grande frustration, l’enfant s’exprime avec l’outil qu’il maîtrise le plus : son corps ! En effet, bien souvent quand il est empreint à une émotion forte, il sollicite spontanément sa main, sa bouche ou son pied, et non de la parole comme on pourrait l’espérer.
– Il a besoin d’attention : Il faut savoir que de nombreux comportements « inadaptés » du jeune enfant en section, comme à la maison, sont le résultat d’un manque d’attention ou de contenance de la part de l’adulte. C’est en partie pour cette raison qu’un enfant se comporte souvent différemment quand un adulte lui accorde toute son attention, à l’occasion d’une observation soutenue et individualisée.
– Pour soulager la douleur d’une poussée dentaire :
La poussée dentaire :
Les poussées dentaires peuvent être très désagréables et même douloureuse. Mordre devient donc un moyen de se soulager pour l’enfant. Dans ce cas proposez lui par exemple un anneau de dentition réfrigéré ou une tétine de dentition.L’enfant vit certaines périodes de poussées dentaires intenses le poussant à mordre pour se soulager. Ces périodes sont assez douloureuses pour les enfants et peuvent affecter grandement leur humeur générale (sommeil, irritabilité, pleurs…). La morsure devient alors une méthode de soulagement de ce mal, on peut alors proposer des anneaux de dentition, de préférence froids, que l’enfant pourra mordiller à volonté.
Cette phase de « morsures » est temporaire. Elle peut durer quelques jours comme quelques mois. Celle-ci dépend de nombreux facteurs, dont le développement de l’enfant, sa vie à la maison mais aussi et surtout, de votre propre manière d’accompagner l’enfant et le groupe durant la journée. La collectivité peut être une source de stress importante pour les très jeunes enfants, d’autant plus s’ils sont nombreux à se déplacer dans un même espace et si les professionnels sont eux-mêmes stressés.
Comment réagir à la maison ?
Sur le moment, rappeler l’interdit fermement est indispensable afin que l’enfant comprenne et apprenne à réagir autrement.
Puis il est important d’expliquer ce qui vient de se passer, de mettre des mots sur la situation afin que l’enfant arrive progressivement à comprendre ce qui engendre chez lui cette réaction, et qu’il apprenne à gérer ces pulsions.
Il est fondamental de ne pas le mordre en retour. Dire non à un enfant en faisant la même chose, c’est lui montrer une incohérence et lui donner le droit de le refaire. Les parents sont le modèle de l’enfant, il nous imite et reproduit nos actes. Si nous faisons quelque chose, l’enfant pense que c’est comme ça qu’il faut faire. De ce fait, ne faisons pas ce que nous ne voulons pas qu’il fasse.
Il est possible de lui proposer un jouet spécifique pour mordre, comme par exemple une balle souple, ou de proposer une pomme en expliquant qu’il n’a pas le droit de mordre mais que s’il en a besoin il peut croquer cette pomme ou cet objet. Cette technique est tout aussi valable pour le fait de taper, on peut proposer un coussin sur lequel il a le droit de taper si besoin.
Faire des activités « sportives » qui permettent à l’enfant de se dépenser est nécessaire pour qu’il puisse évacuer les tensions et apprendre à les maîtriser. Comme les adultes ont besoin de faire du sport pour décompresser, l’enfant aussi a besoin de se défouler. Aller au parc, faire du vélo, courir et jouer au ballon etc… tout cela sera bénéfique pour lui.
Il y a également des livres pour enfant qui expliquent bien les situations de conflits, de colères, de frustrations etc… Les enfants adorent, et vous pourrez leur raconter des dizaines de fois sans qu’ils ne s’en lassent. Cela leur permet d’assimiler et de comprendre progressivement comment maîtriser leurs émotions et comment réagir face à une situation.
Souvenez-vous toujours que, pour apprendre, l’enfant a besoin de répétitions et de répétitions. C’est en reprenant les règles, en les répétant fermement à chaque fois, qu’il arrivera à les intégrer et à les respecter. Alors gardez confiance ça va fonctionner J.
Comment réagir sur le plan individuel ?
– Consolez l’enfant qui a été mordu. Prodiguez les soins habituels à l’enfant qui a été mordu, frappé ou griffé tout mettant des mots sur ses émotions : « Tu pleures car tu as sans doute mal et peut-être même as-tu été surpris(e). C’est normal, tout est arrivé si vite. Je vais maintenant m’occuper de la petite marque sur ton bras ».
– Puis, prenez le temps d’accompagner l’enfant qui a mordu. Inutile de le gronder, de l’isoler ou de le forcer à dire pardon. D’autant plus que l’enfant n’est pas encore intellectuellement en mesure de comprendre qu’il a fait mal à l’autre (il ne le sera pas avant 4 ans environ, âge auquel il parvient à se décentrer).
– Rappelez-lui la règle d’or de la vie en collectivité : « tu n’as pas le droit de faire du mal à l’autre tout comme personne n’a le droit de te faire du mal ». Pourquoi ne pas lui montrer les larmes perler sur le visage de l’enfant, ne serait-ce que pour le sensibiliser à l’émotion qui a été induite par cette morsure.
Attention à bien conserver une posture ferme mais bienveillante quand l’enfant transgresse. Elever la voix ou être nerveuse et agressive ne peut que cultiver la frustration et la tension de l’enfant. Alors que l’enfant a justement besoin d’être apaisé. Si vous sentez la moutarde vous monter au nez, passez le relais !
-Rappelez-vous que la douceur reste le meilleur antidote de la frustration.
Gardez en tête que son comportement reste une réaction à un besoin. Votre objectif numéro 1 va donc être de traiter la cause de cette manifestation d’agressivité (c’est-à-dire de répondre aux besoins de l’enfant) plutôt que la conséquence. Dès que le comportement se présente, prenez le temps de vous poser cette question : « que se passe-t-il ? De quoi l’enfant a-t-il besoin ? »
– Proposer régulièrement à l’enfant de le prendre dans vos bras. Le contact physique bienveillant avec l’adulte permet de l’apaiser, par la sécrétion naturelle et spontanée de l’ocytocine, l’hormone de l’attachement. Cet anti-stress naturel va favoriser un sentiment de bien-être chez l’enfant.
– Lui accorder une attention visuelle positive et souriante (contenance visuelle). Un rapport chaleureux et individuel avec l’adulte permet de ressourcer l’enfant.
– N’hésitez pas à lui confier des petites missions quand vous le sentez trop nerveux : celles-ci vont capter son attention, cultiver une estime positive de lui-même, d’autant plus si vous l’encouragez et le félicitez à la fin !
– Attention de ne pas stigmatiser l’enfant ! Cultiver un nouveau regard sur l’enfant peut avoir tendance à engendrer, de sa part, un nouveau comportement. C’est sans doute en partie pour cette raison qu’au lendemain des réunions d’équipe, il arrive que l’enfant change spontanément de comportement !
– Réaliser une observation fine de l’enfant dans différents contextes (en repas, en jeu libre, en activité dirigée, à l’accueil, en sieste…) vous permettra d’adopter un regard nuancé et objectif sur cet enfant.
– Privilégiez le « Stop ! » plutôt que le « Non! ». Tous deux ne provoquent pas la même réaction chez l’adulte, et chez l’enfant. Le « Stop » vient stopper un comportement tandis que le «Non» vient instaurer un rapport de force, et ainsi une dynamique plus agressive.
Comment réagir face à une morsure faite sur un autre enfant ?
- Gardez votre calme, car si le but était d’attirer votre attention une réaction trop excessive l’encouragera à mordre de nouveau.
- Réconfortez l’enfant mordu et soigner le si besoin
- Si l’enfant qui a mordu est en mesure de comprendre son geste, faite le participer. Demandez-lui d’aller chercher un doudou pour consoler l’autre enfant par exemple.
Ne lui demandez surtout pas de faire un bisou ou un câlin à l’enfant qu’il vient de mordre, car ce dernier n’en aura certainement pas envie.
- Faites-lui comprendre que ce geste n’est pas acceptable. N’entrez pas dans de grandes explications. Allez droit au bout pour pouvoir vous faire comprendre. Utilisez des phrases courtes. Par exemple : « Je ne veux plus que tu mordes les autres. » « Regarde tu lui as fait mal, il pleure. »
- Aidez l’enfant à exprimer son émotion par des mots ou des gestes. Si son objectif était de s’affirmer en défendant son territoire par exemple dites-lui : « Je comprends que tu sois fâché, mais tu ne dois pas mordre. »
- En fin de journée informez les parents de « l’incident ». Aussi bien les parents de l’enfant qui a mordu que ceux de celui qui a été mordu. Bien sûr ne révélez pas de noms afin d’éviter les conflits.
- Rassurez les parents, il ne s’agit pas d’un acte de violence, mais d’un comportement généralement normal chez les enfants de cet âge.